Questions fréquemment posées : La Wheeleo en 12 points

A force de présenter la Wheeleo® aux personnes que je rencontre, je m’aperçois que la Wheeleo génère les mêmes interrogations, les mêmes réticences, le même étonnement…

Et pourtant, force est de constater que plus l’atteinte fonctionnelle à la marche semble marquée, plus cette nouvelle aide technique à la marche a un impact positif. La réticence initiale du thérapeute laisse alors la place à une marque d’intérêt d’autant plus grande pour ce produit innovant.

J’ai décidé de faire cet article pour vous présenter tout ce qu’il faut savoir sur la Wheeleo en espérant peut-être un jour en discuter de vive voix et vous permettre de la tester.

Cet article est le fruit de 4 années d’expérience en rééducation neurologique avec la Wheeleo® au Centre Hospitalier Neurologique William Lennox (Belgique). N’hésitez pas à laisser vos réflexions ou témoignages en commentaire.

 1. Un rollator à une main

En une phrase et pour faire court : la Wheeleo® est l’équivalent d’un rollator utilisable à une main. Elle est utile pour une personne hémiplégique n’ayant qu’une main valide ou pour une personne n’ayant pas assez de place dans son habitation pour manipuler son rollator. Elle est la transition idéale pour passer d’un rollator à une canne.

La Wheeleo® est l’évolution de la canne quadripode comme le rollator est l’évolution de la tribune.

Elle ressemble visuellement à une canne quadripode mais fonctionne comme un rollator.

2. Toujours au bon endroit !

Si vous n’avez pas encore eu une Wheeleo® en main, vous vous dites sans doute que le risque est de partir vers l’extérieur ou l’avant et/ou de se faire emporter par la Wheeleo®. Cette même peur était présente lors de l’arrivée du rollator il y a plusieurs décennies. Si cela arrive, il faut alors considérer une autre aide. Vous savez malgré tout que les patients qui plongent en avant avec leur rollator ne sont pas la majorité. Si ce problème est présent avec votre patient, c’est que la Wheeleo ne lui convient pas. Il faut alors considérer une autre aide technique.

En réalité, ce risque est faible. Pour déplacer la Wheeleo® latéralement, vous devez faire un mouvement latéral. Si vous faites ce même mouvement avec une canne classique lors de l’appui, elle bascule et c’est la chute. La Wheeleo® va, elle, se déplacer sans basculer.

Il est important de comprendre pourquoi le patient pourrait faire un mouvement latéral. Lors d’un déséquilibre nous avons tous l’envie de nous retenir de tomber en plaçant la main à un endroit bien précis, dans l’axe du déséquilibre. C’est naturel, spontané et assez logique. La canne classique sera rarement au bon endroit pour corriger le déséquilibre facilement. A l’inverse de la canne classique, le patient placera spontanément la Wheeleo® au bon endroit, à l’endroit exact qui lui permettra de corriger le déséquilibre. Même en appui, elle pourra être déplacée pour s’adapter à la position du corps et aux déséquilibres potentiels.

Le fait que la Wheeleo® soit naturellement au bon endroit induit un sentiment de confort et de sécurité. Le patient gère mieux son équilibre et se sent naturellement capable d’adopter une marche plus rapide.

3. Fluidité de la marche

Le patient hémiparétique ou déficitaire (âge, amputé, …) en début de rééducation marche de manière saccadée. Face à ses déficits, il cherche logiquement à garder constamment deux appuis pour maintenir son équilibre. Nous faisons exactement la même chose lors d’un passage délicat en montagne. Il adopte alors une marche en 3 temps : il déplace une jambe, ensuite l’autre jambe et s’arrête ensuite sur ses deux jambes pour déplacer sa canne.

Avec la Wheeleo®, le patient va pouvoir maintenir un appui constant sur sa canne. Il pourra alors alterner ses appuis. Il garde ses deux appuis mais adopte une marche plus proche de la normale : une marche en deux temps, sans temps de pause, plus symétrique. Il gagne en fluidité, et en rapidité. Au lieu d’avancer 2 temps sur 3, il avance 2 temps sur 2. Il gagne en moyenne 30%. Une première étude a objectivé ce résultats. En attendant la publication de l’article, vous pouvez télécharger le poster présenté au congrès ISPRM 2018 à Paris en juillet 2018. www.bit.ly/isprm2018posterwheeleo

L’amélioration de la fluidité de la marche est l’amélioration la plus perceptible, par le patient, le thérapeute et par tout observateur.

4. Symétrie

Lorsque le patient soulève sa canne pour la déplacer, il s’arrête sur ses deux appuis pour garder un maximum d’équilibre. Spontanément, il va placer ses deux appuis avec un faible écartement antéro-postérieur car c’est la position la plus stable. La marche en trois temps avec le déplacement de la canne accentue donc la tendance à l’asymétrie de la marche du patient.

De plus, le patient peut avoir peur du déséquilibre en avant lorsqu’il avance sa jambe du côté de la canne (bon côté). Il n’ose pas dépasser la canne car celle-ci se retrouverait en arrière du corps. Dans cette situation, la canne ne sera pas bien placée pour permettre de corriger le déséquilibre antérieur. En revanche, la Wheeleo® reste en avant du corps ce qui réduit la peur de la chute en avant et favorise la symétrie de longueur du pas.

5. Réglages

La Wheeleo® est évidemment réglable en hauteur et peut être utilisée de la main droite ou de la main gauche sans changement de réglage. Il y a un côté moins encombrant qui sera le long du corps et un côté plus encombrant à l’extérieur. Le réglage de la hauteur s’effectue en tirant sur le bouton d’indexation sans le dévisser. Plus le patient progresse, plus la poignée peut être placée haute (coude fléchi). Cela donnera un sentiment de sécurité sans pour autant autoriser un appui important. Elle remplace la main du personnel soignant.

Pour un patient présentant une latéropulsion, nous veillerons à mettre la poignée plus basse afin d’induire une inclinaison du tronc vers la canne (chercher l’appui), corrigeant ainsi en partie l’inclinaison du tronc vers « l’extérieur ».

6. Un frein ?

La question que tout le monde pose : « Ne faudrait-il pas un frein comme sur les rollators ? »

Non…

Contrairement à un rollator, la base de sustentation n’est pas assez grande. Si le patient qui se déplace avec la Wheeleo® freine et bloque les roulettes, nous observerions une bascule de la Wheeleo® et sans doute une chute à la clé.

Après utilisation de la Wheeleo®, cette question n’est en général pas d’actualité pour la majorité des patients.

La présence de bouchon sous une canne classique ne permet pas pour autant d’empêcher de « partir en avant ». La seul façon correcte d’utiliser une canne est en effectuant une poussée verticale et non une traction ou poussée horizontale.

Sauf pour une toute partie de la population, il est plus intéressant de ne pas mettre les freins du rollator lorsque le patient se lève ou s’assoit.

7. Charge cognitive + faible

La marche avec une canne et à fortiori en trois temps est une nouvelle coordination que certains patients (neuro ou gériatrique) ont du mal à acquérir. Le patient met beaucoup d’attention sur le déplacement et la gestion de la canne classique au détriment du reste.

La Wheeleo® est naturellement bien manipulée par le patient. Aucune nouvelle coordination ne doit être acquise. Il adopte une marche proche de la normale qu’il connait bien. Le patient est alors plus attentif aux choses les plus importantes (passage du pas, équilibre, redressement, côté héminégligent, …). Elle est très maniable lors des changements de direction.

Pour cette raison, la Wheeleo® peut être bien indiquée pour les personnes présentant des troubles cognitifs légers.

8. Tout terrain ?

La Wheeleo® n’est pas prévue pour une utilisation extérieure tout terrain. En effet, les petites roues ne permettent pas facilement de passer les aspérités des terrains extérieurs (pavé de travers, gravier, …). Elle ne pourra être utilisée que sur des environnements « contrôlés », lisses.

La Wheeleo® est conçue pour une utilisation intérieure. C’est une limite connue par rapport à une canne classique. Ou un rollator.

Néanmoins, en général, le profil de patient qui pourrait avoir besoin de cette canne n’est pas le profil de patient qui se déplace en tout-terrain dans la ville, sur de grande distance.

Une autre solution est à l’étude pour corriger cette limite.

9. Dépense énergétique

La première étude clinique (publication en cours) et le feedback des patients tendent à démontrer que la dépense énergétique est moindre. Le patient est plus confortable, et plus performant (marche en 2 temps). Il dépense moins d’énergie à déplacer sa canne. Il perd moins de temps et dépense moins d’énergie pour parcourir une même distance.

10. Effets directs et effets à long terme

Les premiers effets de la Wheeleo® sont observés directement, dès les premiers pas. Même un patient présentant une hémiplégie depuis une longue durée peut profiter de ces effets. Ils sont facilement observables et objectivables.

Sans avoir encore pu le prouver scientifiquement mais au travers de nombreuses observations cliniques, nous faisons l’hypothèse que la rééducation avec la Wheeleo®, de manière précoce, optimise la rééducation. Le patient pourrait être rééduqué plus rapidement et atteindre un meilleur niveau final. De nombreux défauts sont atténués voire effacés avant même qu’ils n’apparaissent. Les durées de séjour pourraient être diminuées.

De nombreux outils de rééducation existent (Lokomat®, LiteGait®, GaitTrainer®, …) pour optimiser la rééducation en permettant une marche la plus proche de la normale de manière précoce. A l’image de ces outils, la Wheeleo® optimise la rééducation en catalysant les possibilités du patient.

L’effet direct de la Wheeleo® permet au patient d’atteindre plus rapidement le seuil d’indépendance. Il peut alors marcher seul et, par exemple, retourner à pied dans sa chambre après sa séance de rééducation. Ce passage est une étape clé dans la rééducation car elle va booster la rééducation en augmentant le volume de marche du patient. Au lieu de marcher une ou deux fois par jour en kiné, il va pouvoir marcher beaucoup plus longtemps.

11. Outil de rééducation et aide à la mobilité

La Wheeleo® est avant tout un outil permettant de favoriser la rééducation. De nombreux patients pourraient l’utiliser lors des premiers pas avec canne, juste après la rampe ou les barres parallèles. Heureusement pour eux, un grand nombre d’entre eux vont progresser jusqu’à ce qu’ils soient capables de marcher correctement avec une canne classique (béquille, canne simple, …). Une petite partie d’entre eux vont garder des séquelles importantes. Ceux-ci bénéficieront encore de la Wheeleo®, même de retour à domicile ou en maison de repos.

12. Remboursement sécurité sociale

A l’heure actuelle, il n’y aucun remboursement de la sécurité sociale (Belgique et France). En Wallonie, l’AVIQ offre une aide financière de 50€ pour ceux qui rentrent dans les critères (- de 65 ans). Il faut savoir que la Wheeleo ne rentre dans aucune nomenclature existante. Elle n’est ni une canne, ni un rollator. Il nous semblait plus intéressant de commencer par tester le produit auprès des professionnels de la santé avant de se lancer dans de longues démarches.

Vu l’intérêt des rééducateurs et patients, obtenir les agréments pour un remboursement est un objectif pour 2019.

En Belgique, cette matière a été régionalisée. Cela complique les démarches.

Conclusion

La Wheeleo est une nouvelle canne de marche, à mi-chemin entre une canne quadripode et un rollator. Elle peut modifier positivement la marche de la personne qui l’utilise, laissant entrevoir la possibilité d’améliorer la rééducation (plus vite et mieux) et favoriser l’autonomie du patient.

Qu’en pensez-vous ? Réticence ou enthousiasme ?